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Le combat de la Spiruline Tolosane contre sa cousine chinoise

"Papa arrête de parler au téléphone et en anglais quand on mange !". Cette phrase lancée par sa fille aura suffi à Nicolas Fourtouil pour comprendre que quelque chose ne collait plus dans sa vie. Il y a trois ans, cet ingénieur logistique/transport international tranche dans le vif : il ne veut plus de cette vie de fou ; il veut devenir spirulinier !




Trois ans se sont écoulés et le rêve s’est concrétisé. Enfin presque… Un terrain a été déniché à Bazus, des serres ont été dressées et les premières récoltes, qui nécessitent une grande connaissance et une présence assidue, ont été fructueuses. Dans des bassins où, à la façon des canards en plastique des fêtes foraines une eau verdâtre circule en permanence, la microalgue vieille de 3,5 milliards d’années donne espoir au spirulinier. La partie n’est cependant pas encore gagnée. "Une reconversion est souvent dure et encore plus dans ce domaine. Aujourd’hui je récolte 200 kg de spiruline par an. Je fais ce que j’aime mais c’est encore insuffisant pour dégager un salaire", confie – t il. Car si en France la spiruline semble avoir un bel avenir, la commercialisation des productions locales n’est pas simple : "c’est inattendu mais c’est avec les grandes surfaces que je travaille le mieux. Je continue cependant mes démarches partout. Mon autre problème est qu’il est difficile de se convertir au bio. Ce pourquoi, avec la Fédération des Spiruliniers de France, nous travaillons sur une amélioration du cahier des charges existant".

Doubler la production

Une barrière à cette conversion vient de l’apport en azote nécessaire à la culture. Il est élaboré notamment à partir de soja venant du Brésil ou de Thaïlande. Ce que n’accepte pas Nicolas Fourtouil désireux de rester "cohérent avec sa philosophie écoresponsable". S’ensuit un système de méthanisation complexe… Au final, la Chine s’est installée dans cette niche avec son propre label bio et des prix bas dus aux faibles coûts de production. Elle représente actuellement plus de 80 % du marché. "C’est là que c’est étrange : on est moins regardant sur l’historique du bio chinois que sur le nôtre !", dit Nicolas Fourtouil qui ne baisse cependant pas les bras. Deux autres bassins seront bientôt construits pour doubler la production de ce concentré de nutriments vendu sous forme de petits spaghettis verts à saupoudrer. "Personnellement, je ne compte pas séduire des sceptiques par milliers mais simplement capter une partie de la clientèle qui achète chinois. Cela suffira à me faire vivre. Il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas un jour. Il faut juste trouver un équilibre pour que notre belle production locale soit rentable sans écraser le consommateur", confie Nicolas Fourtouil. Pour cela, il faudra cultiver encore un peu… la patience. En revanche, la volonté et l’énergie de ce passionné ont bien pris racine.

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